André FOURNIER
Guy CHATAIGNÉ
Maurice ALLEZY
Paul JAMAIN
Robert MEREY
Pierre RIVOALEN
Georges DUROU
Marcel SUILLEROT
Dès la nomination d'Hitler comme chancelier du Reich, le 30 janvier 1933, la répression s'engage contre les opposants au régime. Plus de 60 camps de concentration sont créés en Allemagne en 1933-1934. Le 20 mars 1933, les SA installent un camp « sauvage » dans une brasserie désaffectée d'Oranienbourg, petite ville située à environ 30 kilomètres au Nord de Berlin. De nombreux parlementaires communistes et socialistes allemands y sont internés. Parmi eux, Gerhart Seger, député social-démocrate parvient à s'évader le 4 décembre 1933 et publie en 1934, à Prague, Oranienburg, livre qui dénonce les crimes commis par les nazis dans les camps. Le camp d'Oranienbourg est fermé peu après la « Nuit des longs couteaux » au cours de laquelle la plupart des responsables SA sont liquidés. Les anciens camps sont alors progressivement fermés ou passent sous le contrôle de la SS.
Le 12 juillet 1936, 50 prisonniers d'Esterwegen arrivent à Sachsenhausen, faubourg d'Oranienbourg, où un territoire de près de 400 hectares, sur lequel est édifié un véritable complexe SS, a été délimité dans une zone marécageuse.
Au centre, le camp de concentration, conçu sous la forme d'un triangle équilatéral, occupe 18 hectares.
A proximité immédiate du camp est installée l' « Inspection des Camps de Concentration », désignée sous le sigle I.K.L. (Inspektion der Konzentrationslager), office créé par Himmler en juillet 1934, qui administre la totalité du système concentrationnaire. Installée à Berlin, l'I.K.L. est définitivement transférée à Oranienbourg dans le complexe de Sachsenhausen à partir de 1936. Oranienbourg devient alors le cœur du système concentrationnaire.
Le KL Sachsenhausen est à la fois un centre de formation pour l'encadrement SS des camps de concentration, mais également le lieu de préparation d'opérations secrètes comme « la provocation de Gleiwitz » contre la Pologne qui sert de prétexte au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, ou l'opération « Bernhard » pour la fabrication de fausses monnaies et de faux papiers.
Isolés dans le camp, on trouve deux Kommandos particuliers : la Schuhfabrik et l'horlogerie. Le premier est chargé de trier et de récupérer les chaussures des déportés juifs exterminés à Auschwitz, en recherchant des bijoux ou des devises qui pouvaient être dissimulés dans les talons et les semelles. Le second remet en état les montres. D'Auschwitz arrivent également à l'I.K.L. la totalité des dents en or arrachées avant le passage des corps aux fours crématoires.
La station « Z » jouxte le camp : lieu d'exécutions et emplacement des fours crématoires ; plus de 10 000 prisonniers de guerre soviétiques y sont assassinés d'une balle dans la nuque durant l'automne 1941.
Le KL Sachsenhausen est la destination du premier transport de déportés parti de France, de la zone rattachée au Commandement militaire allemand de Bruxelles. Il s'agit de mineurs arrêtés en mai et juin 1941 lors de la grande grève des bassins du Nord et du Pas-de-Calais. Le transport part le 13 juin 1941, puis, après une détention d'un mois à la citadelle de Huy, en Belgique, 244 hommes sont immatriculés au KL Sachsenhausen, le 26 juillet, dans la série des « 38000 ».
En 1943, trois transports quittent Compiègne-Royallieu pour le KL Sachsenhausen : le 23 janvier (un peu moins de 1 500 hommes), le 28 avril 1943 (un peu moins de 900 hommes) et le 8 mai (un peu moins de 900 hommes). Par ailleurs, la même année, 48 Français déportés depuis Tunis sont immatriculés au KL dans la série des « 63000 » après avoir transité par l'Italie et la prison de l'Alexanderplatz à Berlin. En 1944, enfin, un peu moins de 850 déportés du « Train de Loos », parti de Tourcoing le 1er septembre, arrivent au KL Sachsenhausen les 7 et 9, après un arrêt de quelques jours à Cologne.
Si on ajoute les transferts depuis d'autres KL et les Français arrêtés sur le territoire du IIIème Reich, au nombre de plus de 900, on peut estimer que plus de 8 500 Français ont été déportés au KL Sachsenhausen.
Le 21 avril 1945, 30 000 hommes de Sachsenhausen et 5 000 femmes venant de Ravensbrück sont évacués, par groupe de 500, en direction de la Baltique. Des milliers de déportés, incapables de suivre, sont abattus d'une balle dans la nuque sur le bord de la route. Les 18 000 survivants sont libérés le 2 et 3 mai entre Crivitz et Schwerin. Le KL Sachsenhausen est libéré par l'Armée rouge, le 22 avril 1945. Elle n'y trouve que 3 000 hommes, 2 000 femmes et quelques enfants malades. Au total, on estime qu'un peu plus de 200 000 hommes et femmes ont été déportés au KL Sachsenhausen dont la moitié y a trouvé la mort.[1]
Equipe du Livre-Mémorial
[1] Pour plus d'informations sur l'histoire du KL Sachsenhausen, consulter le « Dossier Oranienburg-Sachsenhausen », Mémoire vivante, n°34, juillet 2002 ; Sachso, Amicale d'Oranienburg-Sachsenhausen, Collection Terre Humaine, Edition de Minuit, 1982 ; Jean Bezaut, Oranienburg 1933-1935, Sachsenhausen 1936-1945, Hérault Editions, 1989.