La création du KL Stutthof est décidée dès l'occupation de Danzig par les Allemands, au mois d'août 1939, avant même le début de la guerre contre la Pologne. Le camp est situé en Prusse occidentale, sur un terrain marécageux, à 36 kilomètres à l'est de la ville de Danzig, et au niveau de la mer, à 2 kilomètres de la Baltique. Il ne s'agit à l'origine que d'un Sonderlager (camp spécial) et il n'est transformé en KL que le 20 février 1942.
Au départ, le KL Stutthof est destiné à l'internement des Polonais de Danzig et de ceux de Poméranie. Très vite, des politiques et des criminels allemands y sont aussi enfermés, ainsi que des Soviétiques qui constituent, après l'attaque allemande contre l'URSS, le groupe le plus important.
La population du camp s'internationalise : Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Allemands sont les plus nombreux, mais on compte également des ressortissants de pays occupés d'Europe de l'Ouest et de l'Est. De taille modeste à l'origine, le KL Stutthof se développe ainsi considérablement, jusqu'à couvrir 120 hectares. Les déportés juifs arrivent en nombre ensuite, surtout en 1944, et à partir du mois de juillet, ils représentent environ 70% des détenus. Au total, le camp aurait accueilli 120 000 déportés, hommes et femmes.
Peu nombreux sont les Français non juifs qui ont été déportés au KL Stutthof. Quelques-uns y ont été transférés après un départ de France et une détention dans une ou plusieurs prisons ou à l'issue d'un passage dans un KL parmi lesquels Dachau ou Natzweiler-Struthof. Mais, la majorité l'a été depuis l'Allemagne ou les territoires occupés par les nazis. Marek Orski, dans son livre consacré aux Français déportés dans ce KL,[1] dresse une liste de 590 noms. Au total, 274 Français, au moins, ont été internés au Stutthof après une arrestation sur le territoire du Reich,[2] en particulier dans la région de Danzig.
Le KL Stutthof compte 107 Kommandos extérieurs, en Poméranie et en Prusse Orientale, dans lesquels les déportés sont astreints aux travaux agricoles et aux chantiers navals de Danzig, d'Elblag (Elbing) ou de Gdynia (Gotenhafen). Le Kommando le plus éloigné se trouve, semble-t-il, à Stettin, où les déportés travaillent à la production d'essence synthétique. A Stolp (Slupsk), ils sont employés aux chantiers des chemins de fer, et à Königsberg dans une usine de wagons. D'autres sont affectés aux établissement AEG à Torun (Thorn).
Des chambres à gaz sont mises en service à l'intérieur du camp en juin 1944. Des exécutions par balles, en particulier de prisonniers de guerre soviétiques, ont lieu dans le bâtiment du crématoire. L'épidémie de typhus qui éclate durant l'hiver 1944-1945 ainsi que l'évacuation du camp devant l'approche de l'Armée Rouge, le 25 janvier 1945, contribuent au développement d'une forte mortalité. Sur les 120 000 déportés passés par le KL Stutthof, 65 000 environ seraient ainsi décédés.
Le 9 mai 1945, lorsque l'Armée Rouge pénètre dans le KL Stutthof, elle n'y trouve que 385 survivants à l'intérieur du camp.
Equipe du Livre-Mémorial
[1] Orski Marek, Des Français au camp de concentration de Stutthof (1941-1945), Muzeum Stutthof w Sztutowie, Gda_sk, 1995. Le même auteur a publié plus récemment une monographie sur le KL Stutthof qui n'est malheureusement accessible que dans sa version originale polonaise : Niewolnicza praca wi__niów obozu koncentracyjnego Stutthof w latach 1939-1945, Muzeum Stutthof w Sztutowie, Gda_sk, 1999.
[2] Voir la notice des déportés arrêtés sur le territoire du IIIème Reich et internés au KL Stutthof (3ème partie).