Le camp de concentration de Vught, en Hollande, est le seul qui déroge à la règle selon laquelle les camps de concentration devaient être construits sur le territoire du Reich. Situé dans la province du Nord-Brabant, sur la commune du même nom, le KL Vught est inauguré en janvier 1943 et reste en fonction jusqu'en septembre 1944, date de son évacuation vers le KL Sachsenhausen, pour les hommes, et vers celui de Ravensbrück, pour les femmes.
C'est le Gauleiter Seyss-Inquart qui décide l'installation de ce camp. Comme les autres KL allemands, il est placé sous la responsabilité de la SS et dans ce cas sous celle du district Nord-Ouest des Pays-Bas. Construit sur un terrain de 300 mètres sur un kilomètre, le camp accueille près de 30 000 personnes lors de ses dix-neuf mois d'existence (dont des femmes et des enfants). Il compte une section réservée aux Juifs hollandais, mais la majorité des détenus sont des opposants politiques, des résistants et des otages.
La quasi-totalité des déportés partis de France internés dans le KL Vught sont des personnes arrêtées dans le Nord-Pas-de-Calais, zone rattachée au Commandement militaire allemand de Bruxelles. Ainsi, 232 hommes et 3 femmes recensés sont déportés directement vers ce camp ou bien, après un transit par la Belgique, à la citadelle de Huy ou à la prison Saint-Gilles de Bruxelles. Il s'agit en particulier d'otages communistes, mais aussi de mineurs arrêtés lors des grèves d'octobre 1943 qu'il faut « rééduquer », ainsi que des résistants arrêtés par le SD de Lille, la police de sécurité du Reich, et déportés comme détenus de sûreté ou Schutzhäftling. On note aussi l'immatriculation de quelques Français arrêtés sur le territoire du Reich et aux Pays-Bas.
Malgré la rigueur de la discipline, le camp de Vught, comparé à d'autres KL, connaît un régime moins dur et il semble qu'aucun déporté français n'y soit décédé.
Le camp est placé près des usines Philips dans lesquelles les détenus sont astreints au travail forcé. Le KL Vught est constitué de treize Kommandos extérieurs : Amersfoort, Arnhem, Breda, Eindhoven, Gilse Risen, S'Gravenhage, Haaren, Leeuwaerden, Mordijk, Rozendaal, St-Michielgestel, Valkenburg et Venloo.
Comme dans les autres KL, les détenus connaissent des transferts, avec par exemple des retours vers la prison de Loos-lès-Lille, en juin 1944, mais aussi la constitution d'un transport destiné au KL Dachau, le 26 mai 1944, avec 580 hommes dont 80 partis de la zone rattachée.
Alors que les troupes alliées débarquées en Normandie avancent vers l'Est, c'est entre le 31 juillet et le 8 septembre 1944 que le KL Vught est évacué, les hommes sont immatriculés dans la série des « 88000 », des « 98000 » et des « 101000 » au KL Sachsenhausen, alors que les femmes le sont au KL Ravensbrück.[1]
Equipe du Livre-Mémorial
[1] Se reporter à l'article sur ce KL paru dans La déportation et le Système concentrationnaire nazi, La BDIC, Nanterre.