Transport parti de Paris le 27 mai 1943 (I.103.)

Un an presque jour pour jour après le premier départ de déportés « NN » vers le SS-Sonderlager Hinzert, le trentième transport de ce type est en route pour l’Allemagne le 27 mai 1943. Avec plus de deux transports par mois en moyenne, ce sont au moins 1000 déportés « NN » qui ont parcouru ce trajet entre la gare de l’Est et la gare de Trèves en wagon de voyageurs transformés par les Allemands en wagons cellulaires. Puis, à partir de la gare de Trèves, un autre trajet ferroviaire a lieu jusqu’au village de Reinsfeld situé à environ sept kilomètres du camp spécial d’Hinzert. La distance entre le village et le camp est généralement parcourue à pied.

Les causes de l’arrestation et de la déportation de ces hommes sont connues pour 13 d’entre eux. Pour la moitié de l’effectif recensé, soit 8 personnes, la détention illégale d’armes est à l’origine de l’arrestation, souvent due à une dénonciation de l’entourage de la personne. Par ailleurs, un groupe de 4 hommes originaires des Côtes-du-Nord est démantelé alors qu’il préparait la fuite du territoire en bateau pour rejoindre l’Angleterre. Arrêtés à Perros-Guirec en mars 1943 et suspectés de vouloir apporter leur aide à l’ennemi, les Allemands les soumettent immédiatement à la procédure « Nacht und Nebel » qui s’applique à ce genre d’actes commis contre l’occupant. De ce groupe, 1 seul rentrera de déportation. Enfin, on a connaissance d’un homme arrêté à la suite d’une altercation avec un soldat allemand.
Si les motifs d’arrestation apparaissent différents, il n’en demeure pas moins que les autorités allemandes appliquent à la lettre le décret Keitel de décembre 1941 instaurant la procédure « NN » dans les territoires occupés.

Le camp d’Hinzert est en fait un lieu de regroupement provisoire des « NN » avant leur transfert vers la prison de Wittlich en octobre 1943, en détention préventive, puis vers le tribunal de Breslau, en Silésie, chargé de traiter les affaires « NN » venant de France. Les « NN » jugés sont condamnés à des travaux forcés qu’ils effectuent à Brieg ou à Sonnenburg ou à une peine de prison simple accomplie à Schweidnitz.
Le sort des déportés « NN » n’en est pas pour autant scellé jusqu’à la fin de la guerre, puisque les Allemands décident la fin de l’application de la procédure « NN » à la fin de l’été 1944 et le transfert des déportés concernés dans des camps de concentration. Cette décision entraîne de nouveaux transferts vers les KL Gross Rosen, Sachsenhausen ou Flossenbürg. Cependant tous les rescapés ne sont pas libérés dans un KL en avril ou mai 1945, puisque 2 d’entre eux sont évacués de Schweidnitz vers Hirschberg en février 1945, où ils sont libérés le 8 mai 1945, sans avoir connu de camp de concentration.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30