Transport parti de Paris le 13 août 1943 (I.122.)

Le trente-sixième et avant dernier transport « NN » à destination du SS-Sonderlager Hinzert part le vendredi 13 août 1943, soit trois semaines après le précédent. La fréquence des convois ferroviaires vers Hinzert est de moins en moins importante puisque jusque-là, elle était hebdomadaire, voire bi-mensuelle, d’autant plus que le transport suivant, le dernier, part presque un mois après.
Des détenus de Fresnes et du Cherche-Midi sont regroupés à la gare de l’Est dans des wagons de voyageurs transformés en wagons cellulaires, accrochés au Paris-Berlin. Avant sa destination finale, le train s’arrête à la gare de Trèves, où les détenus descendent et attendent un autre train en partance pour Reinsfeld, village situé à environ sept kilomètres du camp spécial d’Hinzert. Le trajet entre la gare et le camp se fait généralement à pied.

La composition du transport est semblable à celle des précédents avec les mêmes catégories de motifs d’arrestation représentées. Ainsi, 9 personnes sont arrêtées et déportées pour avoir détenu illégalement une arme de chasse ou de guerre. Qu’elles aient eu ou non l’intention de s’en servir contre l’occupant, elles sont remises aux autorités chargées de réprimer tout acte commis à l’encontre de l’armée allemande. La répression pour ce genre de délit est dictée par le décret Keitel de décembre 1941, instaurant la procédure « Nacht und Nebel ».
Il en est de même pour les 5 hommes arrêtés dans le département du Maine-et-Loire et de la Mayenne pour avoir hébergé des aviateurs anglais et américains tombés sur le sol français. Accusés d’aide apportée à l’ennemi, ils sont classés « NN » et déportés. Enfin, on connaît le cas de 2 résistants du réseau Hector et du groupe Louis Renard de la Vienne accusés d’espionnage et d’aide à l’ennemi. Les deux réseaux, dont ils font partie, ont la particularité d’avoir été en grande partie démantelés lors de grandes vagues d’arrestations.[2]

Les déportés « NN » restent au camp spécial d’Hinzert jusqu’au 15 octobre 1943, date du dernier transfert vers la prison de Wittlich. Là, deux cas de figure se présentent : ceux qui sont jugés sont envoyés à Breslau, en Silésie, où siège le tribunal spécial chargé des affaires « NN » venant de France, et ceux qui ne sont pas jugés vont au camp de Rollwald où ils restent jusqu’à leur libération en mars 1945.
Les « NN » jugés sont condamnés à des peines de prison ou de travaux forcés, mais en raison de leur jugement tardif, qui se situe peu avant la fin de l’application de la procédure « NN », fin 1944, les condamnés ne sont pas dirigés vers les prisons ou les forteresses où ils doivent accomplir leur peine. Ils sont transférés au KL Gross Rosen, à la suite de la décision de remettre tous les « NN » dans les camps de concentration.
Ainsi, si les déportés « NN » rescapés auraient dû être libérés en 1945 des prisons où ils purgeaient les peines prononcées par le tribunal spécial, la grande majorité est en fait libérée des camps de concentration, comme le KL Dachau, le KL Buchenwald ou le KL Bergen-Belsen.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

[2]Pour le réseau « Hector », voir la notice sur l’opération Porto (I.19.) ; pour le réseau « Louis Renard », voir la notice du transport du 18 février 1943 vers Hinzert (I.79.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30