Transport parti de Paris le 9 septembre 1943 (I.133.)

Le jeudi 9 septembre 1943 marque le départ du trente-septième et dernier transport « NN » dirigé vers le SS-Sonderlager Hinzert. En effet, à cette époque, ce camp cesse d’être le lieu de regroupement des « NN » devant être jugés dans le Reich. Mais, cela ne signifie pas l’arrêt de la déportation des « NN » de France, puisque le KL Natzweiler-Struthof prend le relais.[2]
Quoi qu’il en soit, les conditions d’organisation de ce dernier transport ne diffèrent pas des précédents : ce sont des détenus de Fresnes et du Cherche-Midi qui sont rassemblés à la gare de l’Est dans des wagons de voyageurs transformés en wagons cellulaires aux fenêtres grillagées. Ils sont accrochés au train Paris-Berlin qui, en route, s’arrête à la gare de Trèves. Là, les déportés descendent et attendent un autre train qui les emmène jusqu’à Reinsfeld, dernière étape avant la marche forcée vers le camp spécial de Hinzert.

On a retrouvé précisément les causes de l’arrestation et de la déportation des 14 hommes recensés. Ainsi, 5 d’entre eux sont arrêtés ensemble à Sées (Orne), sur dénonciation pour avoir porté secours à un aviateur américain ; 4 autres sont aussi arrêtés sur dénonciation pour détention illégale d’armes. Par ailleurs, 3 Francs-Tireurs et Partisans sont arrêtés pour propagande communiste ; enfin, 2 réfractaires au Service du Travail Obligatoire sont pris au cours de leur tentative de quitter le territoire français par la Suisse.
Tous ces motifs d’arrestation, l’aide à l’ennemi, la détention illégale d’armes, l’activité communiste et la fuite du territoire relèvent de la procédure « Nacht und Nebel ». Cette mesure se caractérise d’abord par la déportation puis par le jugement dans le Reich.

Les déportés restent jusqu’au 15 octobre 1943 à Hinzert, date à laquelle ils sont transférés avec beaucoup d’autres « NN » à Wittlich en détention préventive. Ensuite, c’est la comparution devant le tribunal de Breslau, en Silésie, chargé de traiter les affaires « NN » venant de France. Les condamnations connues relèvent de la prison ou des travaux forcés. Aucune condamnation à mort n’est prononcée.
Il faut signaler que 2 déportés ne sont pas jugés et sont directement emmenés de Wittlich au camp de Rollwald, où ils restent jusqu’à leur libération en mars 1945. Pour les autres le parcours est beaucoup plus complexe puisque immédiatement après le jugement ils sont transférés dans des établissements où ils purgent leur peine : Brieg, Sonnenburg ou Schweidnitz. Les Allemands, à la fin de l’été 1944, décident l’abandon de l’application de la procédure « NN » et la remise des personnes concernées dans des KL. Cela se concrétise par des transferts aux KL Gross Rosen, Sachsenhausen et Flossenbürg.
Déportés dans un premier temps à des fins uniquement répressives, les « NN » se retrouvent progressivement et finalement insérés dans le système concentrationnaire nazi.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

[2]Trois transports de « NN » sont déjà arrivés au KL Natzweiler en juillet 1943. Le rythme régulier de ces transports ne commence cependant que début novembre 1943 (voir notices correspondantes, I.114., I.115. et I.116.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30