Les arrivées du 19 août 1944 en provenance de Brest, La Roche-sur-Yon, La Rochelle, Poitiers et Dijon (I.268.)

Le mois d’août 1944 est, pour le KL Natzweiler, caractérisé par l’arrivée d’un nombre important de personnes évacuées des différentes prisons françaises. Ainsi, le 19 août , ce sont au moins 410 hommes venant de l’Ouest, du Centre et de l’Est de la France qui sont immatriculés à la suite dans la série des « 22000 » et celle des « 23000 ». Trois groupes peuvent être distingués : si deux groupes proviennent de l’évacuation de prisons de Nancy et Châlons-sur-Marne[1], le troisième est un transport qui part le 20 juillet 1944 de la prison de Brest et qui tout au long de son trajet d’Ouest en Est de la France, s’arrête pour embarquer des prisonniers dans plusieurs gares. Ce transport, exceptionnel par son parcours, ressemble aux convois d’évacuation de cette période, longs et subissant quotidiennement les opérations militaires des troupes alliées et des groupes résistants.
Au départ, ce sont les détenus de la prison Pontaniou de Brest qui sont réunis dans des wagons attachés à d’autres chargés de munitions et de matériel militaire. Les Allemands quittent les lieux et emmènent avec eux des prisonniers. Pour les 10 hommes recensés comme partis de Brest ce 20 juillet, c’est un long périple qui commence, même si 6 d’entre eux réussissent à s’évader entre Brest et Poitiers. Le train ne quitte cette dernière ville que le 12 août. Entre-temps, 1 prisonnier monte à La Roche-sur-Yon, 50 à La Rochelle et 14 à Poitiers. Le train se dirige ensuite vers Tours, Bourges, Nevers et arrive à Dijon le 18 août, où 20 déportés les rejoignent. Il arrive finalement à la gare de Rothau le lendemain, un mois après le départ de Brest.

Ce transport est assez homogène du point de vue des motifs d’arrestation. En effet, que ce soient les hommes montés à Brest, à La Rochelle ou à Dijon, tous sont résistants. Ils appartiennent à différents réseaux ou bien ont été arrêtés à la suite de sabotages importants contre les intérêts allemands. En fait, les Allemands quittant les villes citées auparavant, en organisant leur départ, ont sélectionné des résistants afin de les emmener avec eux en Allemagne. Parmi les réseaux et mouvements les plus représentés, la majorité des résistants qui rejoignent le transport à La Rochelle sont des membres de l’Organisation Civile et Militaire du secteur de La Rochelle et de Rochefort. Par ailleurs, plusieurs militants des Francs-Tireurs et Partisans de la Vendée se retrouvent au départ de Poitiers le 12 août.

Bien que d’autres déportés arrivent en même temps au KL Natzweiler ce 19 août, ceux de ce transport sont immatriculés ensemble et à la suite, dans un ordre quasi alphabétique.
Une partie importante des déportés de ce transport quitte à la fin du mois d’août le KL Natzweiler pour le Kommando de Schömberg[2]. Ainsi, 58 hommes font partie d’un transport important vers ce Kommando, où meurent 6 d’entre eux. Les déportés invalides sont évacués le 7 avril 1945 vers le camp d’Allach dans un transport à la mortalité très importante. Les autres restent au camp et le 17 avril, ils le quittent pour une « marche de la mort » surveillée par les SS et quelques soldats. Un certain nombre de déportés réussissent à s’évader de cette colonne d’évacuation.
Les déportés restés au KL Natzweiler sont évacués vers le KL Dachau début septembre 1944. Ils y restent jusqu’à la libération ou ils sont emmenés en septembre 1944 au KL Mauthausen. C’est le cas de 11 déportés de ce transport, dont 8 sont ensuite transférés au Kommando de Melk où ils meurent tous.

Guillaume Quesnée

[1]Voir les notices correspondant à ces arrivées (I.269. et I.270.).

[2]Pour plus de détails sur le Kommando de Schömberg, voir Bernard Teinturier, Recueil à l’attention des familles des déportés français du camp de concentration de Schömberg dans le Sud-Wurtemberg (Document remis à la FMD).

Dernière mise à jour : 2008-07-30