Les arrivées du 26 août 1944 en provenance de Chalon-sur-Saône et Dijon (I.274.)

Le transport quittant Chalon-sur-Saône et Dijon le 26 août 1944 est à replacer dans le contexte d’évacuation des prisons de plusieurs villes de France. L’avancée des troupes alliées sur le territoire français décide les Allemands à vider celles-ci et à déporter les détenus jugés dangereux ou susceptibles de fournir une aide précieuse à ces armées. Ainsi, les détenus de la prison de Chalon-sur-Saône, conduits en camions militaires jusqu’à la gare de Dijon, rejoignent ceux extraits de la prison de Dijon pour être dirigés en train vers la gare de Rothau (Bas-Rhin). Là, les détenus descendent et commencent la marche forcée de huit kilomètres vers le KL Natzweiler. Il est intéressant de noter qu’un groupe de prisonniers de la prison de Dijon est déjà arrivé dans ce camp trois jours plus tôt.[2] Ceci révèle peut-être le fait que les Allemands organisent des transports de déportés à la hâte, presque au jour le jour.

Si tous les déportés de ce transport sont des résistants, ils n’ont pas tous été arrêtés dans les mêmes conditions. La majeure partie des arrestations a eu lieu dans les départements de Saône-et-Loire et de la Côte-d’Or.[3] Les principales victimes sont des membres de groupes démantelés, comme Buckmaster, FTPF, ou Libération-Nord, soit des membres de différents bataillons FFI et maquis de la région, faits prisonniers lors de combats contre les Allemands. D’autres personnes sont arrêtées, soupçonnées d’apporter assistance aux maquis en les ravitaillant. Tous sont arrêtés à partir de mars 1944, surtout durant les mois de juillet et août 1944, au moment où les actions armées des résistants contre l’occupant s’intensifient.

Hormis 1 déporté décédé au camp et 2 pour lesquels le parcours n’est pas connu, tous les autres font partie des transports d’évacuation du KL Natzweiler vers le KL Dachau, au début de septembre 1944. A leur arrivée, ils sont immatriculés dans les séries 98000 à 102000.
A partir du KL Dachau, le sort des déportés de ce transport diverge. Certains restent au camp central jusqu’à la libération, le 29 avril 1945. D’autres sont transférés dans des Kommando de travail, comme Augsburg, Kempten et surtout Allach, qui reçoit 54 déportés de ce transport. Parmi eux, 26 sont envoyés à Haslach-Sportplatz[4] dans un transport de 400 hommes et 18 meurent en déportation.
Par ailleurs, des transferts sont organisés à partir du KL Dachau vers d’autres camps : 23 personnes sont envoyées le 16 septembre 1944 au KL Mauthausen. Parmi elles, certains déportés sont transférés dans les Kommandos de Melk, Gusen, Ebensee. Au total, 20 décèdent dans le complexe de Mauthausen. Enfin, au moins 10 déportés sont envoyés au nord de l’Allemagne, au KL Neuengamme, le 22 octobre 1944.

Guillaume Quesnée

[1]Sept matricules sont inconnus.

[2]Voir la notice des arrivées à Natzweiler-Struthof le 23 août 1944 (I.271.).

[3]Le département d’arrestation est connu pour 83 personnes, soit 64,4 % : 63 sont arrêtées dans la Saône-et-Loire et 12 dans la Côte-d’Or. Les autres départements sont le Doubs, l’Hérault, la Haute-Saône, le Jura, le Rhône, le Territoire de Belfort et l’Yonne.

[4]Sur Haslach, voir notamment, Michelle Bicheray-Choquin, Les camps de Haslach… Les déportés racontent, Besançon, 1998. Ouvrage déposé à la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Dernière mise à jour : 2008-07-30