Transport parti de Paris le 12 février 1943 (I.78.)

Une semaine exactement après le précédent, le vingtième transport « NN » en direction du SS-Sonderlager Hinzert quitte Paris le vendredi 12 février 1943. Venant des prisons de Fresnes et du Cherche-Midi, un groupe d’hommes est entassé dans plusieurs compartiments de trains de troisième classe, aménagés en cellules. Le train, qui assure la liaison Paris – Berlin, s’arrête à la gare de Trèves, où les déportés descendent. Là, ils doivent attendre un autre train les emmenant au village de Reinsfeld situé à quelques kilomètres du camp spécial d’Hinzert. Le trajet entre la gare de Reinsfeld et le camp s’effectue en général à pied.

Tous ces déportés sont classifiés « NN », c’est-à-dire que les motifs pour lesquels ils ont été arrêtés sont directement liés à ceux mentionnés dans le décret Keitel de décembre 1941, inaugurant la procédure « Nacht und Nebel ». Parmi les motifs devant être réprimés dans le cadre de ce statut « NN », on connaît pour ce transport le cas de 7 personnes arrêtées individuellement pour détention illégale d’armes. Rien ne prouve que ces personnes, souvent dénoncées, avaient l’intention de se servir de ces armes contre l’occupant. Par ailleurs, 7 membres du groupe Ceux de La Résistance des Vosges sont dénoncés et arrêtés pour propagande gaulliste et anti-nazie. Internés à Epinal puis au Cherche-Midi, ils sont classés « NN » et déportés à Hinzert. Enfin, 2 hommes sont accusés « d’aide à l’ennemi » après avoir favorisé l’évasion et l’hébergement de prisonniers de guerre.

Quel que soit leur motif, tous ces « NN » doivent être jugés au tribunal de Cologne, ou de Breslau. Si 3 des 18 hommes recensés meurent au camp d’Hinzert, les 15 autres sont transférés soit à Wittlich, soit à Wolfenbüttel, en détention préventive. Ensuite, ce sont les comparutions successives devant le tribunal spécial qui aboutissent à des peines de prisons ou de travaux forcés. Ces peines sont purgées dans les établissements de Brieg, Sonnenburg et Schweidnitz.
Lorsque les autorités allemandes décident d’abroger la procédure « Nacht und Nebel », à la fin de l’été 1944, en raison de l’encombrement et du retard pris dans le traitement de ces affaires, les déportés « NN », jugés ou non, sont expédiés avec les milliers d’autres déportés dans les KL Gross Rosen, Sachsenhausen et Flossenbürg. Pourtant, 2 des 12 rescapés finissent leur déportation dans une prison, celle de Brandenburg-Görden, sans avoir été transférés dans un KL.
Les déportés libérés en avril 1945 ont connu en moyenne six lieux de déportation successifs. Ils ont par ailleurs fréquenté des lieux au statut différent : camp spécial, prisons, forteresses, camps de concentration et Kommandos.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30