Transport parti de Paris le 6 mai 1943 (I.99.)

Le faible effectif recensé concernant ce vingt-huitième transport « NN » en partance pour le SS-Sonderlager Hinzert ne permet pas d’avoir une vision exacte de sa composition. On connaît toutefois les conditions de départ de ces déportés, identiques à tous les précédents transports. Ce sont des personnes internées à Fresnes et au Cherche-Midi qui sont regroupées à la gare de l’Est dans des wagons de voyageurs transformés en wagons cellulaires, eux-mêmes accrochés au train Paris-Berlin. Descendus en gare de Trèves, après quelque temps d’attente, ils repartent dans un autre train à destination de Reinsfeld, dernière halte avant la marche forcée vers le camp spécial d’Hinzert, distant de sept kilomètres.

Tous sont des déportés « NN » destinés à être jugés en Allemagne. Sur les 6 personnes recensées, 2 sont accusées d’avoir voulu apporter une aide à l’ennemi en quittant le territoire pour s’engager dans les Forces Françaises Libres, un est arrêté dans le département des Basses-Pyrénées et l’autre dans le Doubs à la frontière franco-suisse. 3 autres personnes sont arrêtées pour détention illégale d’armes. Un motif reste inconnu.
L’aide à l’ennemi, la détention illégale d’armes sont des actes qui doivent, selon les Allemands être réprimés dans le cadre de la procédure « Nacht und Nebel ». Ils sont mentionnés dans le décret Keitel de décembre 1941 mettant en place cette mesure répressive inédite.

Après 5 mois à Hinzert, les « NN » de ce transport sont transférés à la prison de Wittlich. De là, ils sont appelés les uns après les autres à comparaître devant le tribunal de Breslau, en Silésie, chargé de traiter les affaires « NN » venant de France. Condamnés à des peines de travaux forcés ou de prison simple, les « NN » purgent leur peine dans des établissements réservés : ici, Brieg ou Schweidnitz.
A la fin de la procédure, qui est effective dans les derniers mois de 1944, 2 cas de figure se présentent : soit les déportés « NN » sont transférés dans un KL comme l’ordonnent les autorités allemandes, soit ils sont évacués dans des prisons au cœur du Reich jusqu’à l’arrivée des troupes alliées. Ainsi, certains déportés entrent au KL Gross Rosen ou au KL Flossenbürg, alors que d’autres sont libérés de la prison d’Hirschberg le 8 mai 1945. On constate donc que l’étude du parcours des déportés « NN » en Allemagne est rendue complexe en raison de l’évolution même de la procédure au fil du temps. Il n’y a donc pas un parcours « NN » type.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30